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CE QUI N'EST PAS DANS « L’ESPRIT DU CHEMIN » OU QUI EST CONTRAIRE AU SIMPLE SAVOIR-VIVRE

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CE QUI N’EST PAS DANS « L’ESPRIT DU CHEMIN » OU QUI EST CONTRAIRE AU SIMPLE SAVOIR-VIVRE

 (aussi publié en Espagnol sur le site de la Federación Española de
Asociaciones de Amigos del Camino de Santiago)(https://www.caminosantiago.org/cpperegrino/prensa/verprensa.asp?PrensaID=21864)

par Pierre SWALUS
pierre.swalus@verscompostelle.be  
avec les réflexions et la collaboration de Guy CHABANT

 

Un lecteur-ami, Guy CHABANT, a réagi à mon précédent article ‘’« L’esprit du chemin »…C’est quoi ?’’ (1) en me faisant remarquer que si l’esprit du chemin était une réalité se traduisant par des attitudes et des comportements ouverts à certaines valeurs, d’autres attitudes contraires à l’esprit du chemin ou empêchant de découvrir ces valeurs devaient exister et il m’en citait quelques-unes (c’est pourquoi son nom est associé à ce nouvel article).

Au risque certain d’être accusé de porter des jugements et d’oublier l’adage « A chacun son chemin », je vais essayer de mettre en lumière ces comportements qui, selon moi, sont  contraires à l’esprit du chemin et qui ne permettent pas la découverte de ces valeurs.

Me demandant si des textes avaient déjà été publiés sur ce sujet, je trouve sur le site de la cathédrale Notre-Dame du Puy, un article, écrit par un pèlerin-hospitalier (2), consacré à la réservation de logement qu’il juge contraire à l’esprit du chemin.

LA RÉSERVATION

Dans les cas où il s’agit d’une simple auberge de pèlerin,  réserver un logement, c’est le contraire de la solidarité, c’est le chacun pour soi, c’est penser à soi en prenant éventuellement la place d’un autre plus fatigué que soi, c’est aussi le contraire de faire confiance, c’est s’empêcher de vivre l’instant présent qui vous imposerait de prendre plus de temps pour visiter une église, un site remarquable hors chemin, c’est ne plus être disponible à une rencontre ou une invitation inattendue. (2) La réservation peut s’avérer nécessaire lorsque l’hébergement prévu s’accompagne d’un repas préparé par l’hébergeur ; dans ce cas, réserver est bien sûr totalement justifié.

LE TRANSPORT DES BAGAGES

Faire transporter une valise ou un sac à dos (à l’exclusion des cas d’un problème de santé empêchant le port d’un sac), va à l’encontre de la simplicité, car le fait de ne pas devoir porter permet souvent d’emporter des objets de confort futile contraire à une démarche de simplicité et de retour aux besoins essentiels. De plus, le transport des bagages entraîne presque toujours la réservation des logements…

S’ENQUÉRIR SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX DES MEILLEURS LIEUX D’ACCUEIL ET DES LIEUX OÙ LES REPAS SONT LES MEILLEURS

Ce type de question très souvent lue sur les réseaux sociaux va à l’encontre de la simplicité, de la sobriété dans l’esprit du chemin. Cette recherche de plus de bien-être n’est pas réellement un retour aux besoins essentiels !

PÈLERINER EN GROUPE

Un groupe de marcheurs se suffit à lui-même, se referme souvent sur lui-même, n’a besoins de personnes d’autres. Cette auto suffisance va à l’encontre de l’esprit d’ouverture à l’autre et aux rencontres nouvelles. Le solitaire se sent encore plus isolé face à un groupe soudé. Autre chose est de pèleriner en groupe familial qui apporte certainement une richesse supplémentaire.

IGNORER LES AUTRES PÈLERINS ET PÈLERINES

Ne pas souhaiter « Buen Camino » ou « Ultreïa » à un pèlerin que l’on dépasse ou ne pas saluer un autre que l’on rencontre à l’étape ou à l’auberge est contraire à un esprit de fraternité. C’est le contraire d’une ouverture à l’autre et à un esprit de rencontre.

NE PAS SALUER, LORS DE LA TRAVERSÉE DES VILLAGES, LES VILLAGEOIS QUE L’ON CROISE

N’est ce pas se comporter en touriste, et même en touriste conquérant ? Pour le touriste, l’autochtone est l’étranger, pour le pèlerin par contre, c’est lui-même qui est l’étranger (2) (c’est d’ailleurs la première définition de pèlerin). Ne pas saluer l’autochtone rencontré dans un village, ce n’est pas faire preuve d’humilité, de respect et du souci de rencontrer l’autre.

ABANDONNER SES DÉCHETS DANS LA NATURE ET Y DÉFÉQUER SANS ENFOUIR SOIGNEUSEMENT SES DÉJECTIONS

C’est manquer de respect des autres et de la nature.

FUIR LES DORTOIRS, DEMANDER UNE CHAMBRE PRIVÉE, OU CHOISIR PRÉFÉRENTIELLEMENT LES CHAMBRES D’HÔTES ET LES HÔTELS

En plus d’être à l’opposé de la simplicité, cette recherche ne va-t-elle pas aussi à l’encontre de l’esprit de rencontre et d’ouverture à l’autre ?

CONSIDÉRER LA PERSONNE QUI ACCUEILLE DANS LES AUBERGES PUBLIQUES COMME UN OU UNE SIMPLE FONCTIONNAIRE

et ne pas lui témoigner du respect et de la considération, est ce faire preuve de délicatesse et, n’est ce pas contraire d’aller à la rencontre de l’autre ?

S’ENQUÉRIR SYSTÉMATIQUEMENT DES MEILLEURS RESTAURANTS POUR LE REPAS DU SOIR

Un pèlerin est en même temps un touriste, et, à ce titre, aimer occasionnellement faire un très bon repas ou goûter des plats régionaux est tout à fait normal. Mais la recherche systématique des meilleurs restaurants ne va-t-elle pas à l’encontre de la simplicité et de la recherche des valeurs essentielles ?

RENTRER TARD LE SOIR À L’AUBERGE ET ENTRER DANS LE DORTOIR EN PARLANT FORT OU (ET) EN ALLUMANT LES LUMIÈRES

C’est un manque de respect pour les autres, c’est un manque de délicatesse et d’empathie, c’est le chacun pour soi, tout le contraire du respect et de la solidarité.

SE LEVER TÔT LE MATIN ET FAIRE SON SAC SANS SE PRÉOCCUPER DU BRUIT QUE L’ON FAIT, NOTAMMENT AVEC LES MULTIPLES SACS EN PLASTIQUE OU (ET) EN ALLUMANT LES LUMIÈRES

Relève du même « chacun pour soi ».

FAIRE UNE COURSE EFFRÉNÉE AUX TAMPONS

Si l’office des pèlerins à Compostelle demande à ceux qui ne marchent que les 100 km nécessaires pour l’obtention de la « Compostela » de faire tamponner sa crédenciale 2 fois par jour, certains pèlerins cherchent à engranger le plus grand nombre possible de cachets en faisant tamponner leur crédenciale par quiconque est susceptible de pouvoir le faire. Où se trouvent dans ces comportements la recherche de vraies valeurs et le lâcher prise ?

MARCHER EN SE FILMANT ET EN COMMENTANT SON CHEMIN ET LE PUBLIER JOURNELLEMENT SUR FACE BOOK

Mon questionnement quant à la possibilité de concilier cette mise en spectacle de sa démarche et de ses états d’âme avec une certaine intériorité et un lâcher prise a déjà été abordé dans un précédent article (4). Se mettre en scène et en spectacle me semble aller à l’encontre d’une recherche d’intériorité et de lâcher prise.

PRENDRE LE BUS POUR SAUTER L’ÉTAPE MOINS BELLE OU POUR ENTRER OU SORTIR D’UNE VILLE

C’est vrai qu’il y a des étapes ou des parties d’étape moins belles ou peu agréables, mais le chemin ne forme-t-il pas un tout ? La beauté du chemin est il un élément essentiel du pèlerinage ?

S’ARRÊTER TRÈS RÉGULIÈREMENT DANS LES BARS ET CAFÉS POUR SE DÉSALTÉRER

plutôt que d’emporter de l’eau et de boire à sa gourde, et cela principalement en terrasse, ne va-t-il pas à l’encontre d’un esprit de sobriété et de retour au besoins essentiels ? Autre chose est la bière ou autre boisson prise à l’arrivée à l’étape ou en soirée…

MARCHER LE NEZ DANS SON TÉLÉPHONE PORTABLE POUR SUIVRE AU PLUS PRÈS LES INDICATIONS DE « BUEN CAMINO »

et s’empêcher ainsi de vivre l’instant présent, d’être ouvert à la rencontre, de s’émerveiller de la beauté du chemin qui s’offre à nous n’est-ce pas aussi s’empêcher de vivre pleinement les valeurs que le chemin pourrait nous faire découvrir.

 

MA CONCLUSION

« À chacun son chemin », bien sûr ! Mais tous les cheminements ne me semblent pas équivalents …

*

1.     SWALUS Pierre, « L’esprit du chemin »… C’est quoi ? , en ligne sur le site « Vers Compostelle » de l’auteur : https://verscompostelle.be/l-esprit-du-chemin-c-est-quoi.htm

2.      HUGUES, Faut-il ou non céder à la mode de la réservation ?, en ligner sur le site de la Cathédrale Notre-Dame du Puy : https://www.cathedraledupuy.org/pelerins-de-saint-jacques/informations-pratiques-1/faut-il-ou-non-ceder-a-la-mode-de-la-reservation

3.      Anonyme , « Le touriste et le pèlerins »,  En ligne sur le site «  I quès és la veritat » :   https://thomasmore.worldpress.com/

4.    SWALUS Pierre ,  « Pèlerinage, motivations et mise en scène ? », en ligne sur le site « Vers Compostelle » de l’auteur : https://verscompostelle.be/motivations-mise-en-scene.htm