Au cours de l'été 2007 pour la septième fois, nous avons cheminé sur
un chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Ce qui nous attire sur ces
chemins ?
Avant tout, c’est le fait que avant nous d'autres
gens ont cheminé sur ces chemins ou sur d'autres disparus et cela déjà bien avant le
christianisme.
Déjà les Celtes cheminaient sur cette route.
Pour eux il s’agissait d’une route qui les menait vers "la
fin" de la terre (Finistère), la route de l’ouest, la route
allant vers le coucher du soleil, vers la mort…
C’est seulement à partir du IXe siècle que les
chrétiens se sont mis en route vers ce que l'on dit être la sépulture de saint Jacques .
Après des années d’abandon, les chemins de Compostelle retrouvent un succès
croissant et les pèlerins se pressent de toute l’Europe pour emprunter la
route tracée par leurs prédécesseurs .
Sur ce chemin d'autres gens ont marché avant
nous et d’autres marcheront après nous. C’est une grande
chaîne et de cette chaîne nous sommes un maillon.
Une autre raison de faire ce chemin… ?
Depuis toujours nous avons eu le souhait de vivre une vie simple et
dépouillée mais… dans le quotidien il n’est pas facile de se libérer de
la société de consommation. Ce chemin précisément permet une
retraite par rapport à la société de consommation !
En effet ce sont trois mois vécus avec le
minimum. Nous emportons seulement les choses que nous sommes capables de
porter sur le dos : une tente, un sac de couchage, un savon et un essuie,
une petite pharmacie, une natte, un camping gaz, une casserole, des couverts,
une grande bouteille d’eau pour boire, la nourriture du jour et… seulement
un vêtement de rechange… ! Chaque jour, si le temps le permet, nous
faisons notre lessive.
Ce chemin est aussi un chemin de
solitude (pendant la marche, du moins en Belgique et en France car en Espagne,
aux étapes, sur certains chemins,
c'est la
foule). Seul en face de soi-même, seul face au chemin, seul
face à la nature mais seul aussi pour affronter les contretemps ! (
quoique nous avons la chance de marcher en couple)
Ce chemin est le temps de vivre
"ici et maintenant ", de vivre le temps présent.
Avoir devant soi trois mois pour faire le vide, trois mois pour regarder.
Toute la journée pour recevoir le soleil, les fleurs, les oiseaux. Être
disponible pour l’odeur de la terre chaude, pour le bruit et la fraîcheur du
vent, pour le plaisir d’une source d’eau fraîche quand la bouteille est vide
ou que l’eau est devenue chaude…. Bien sûr, certains
jours, il y a le froid, la pluie, la chaleur torride que nous devons
affronter et que le chemin est parfois difficile mais avec le
recul il ne nous reste que la joie de l’avoir fait !
Le chemin est le temps des rencontres.
Rencontres avec ceux qui sont au bord du
chemin :
-
Les gens qui nous demandent pourquoi nous
sommes sur le chemin… ?
-
Ceux qui ont eux-mêmes fait le chemin une
année antérieure…
-
Ceux qui souffrent et désirent confier leur
souffrance à saint Jacques…
-
Ceux qui formulent une demande à saint
Jacques…
-
Et enfin, et c’est parfois précieux, ceux qui
désirent nous aider !
Mais surtout rencontres avec tous ces autres qui
sont sur le chemin, chacun avec leur motivation :
-
Récapituler sa vie avant un tournant…
-
Prendre du recul par rapport à sa vie
professionnelle…
-
Réaliser quelque chose seul
-
Faire quelque chose de difficile et aller
au-delà de ce qu’on croit être ses limites
-
Rencontrer...
-
Remercier…
-
Prier…
-
Et pour certains, une performance sportive
- C’est sans doute un chemin en partie solitaire
mais aussi très solidaire.
En arrivant à Saint-Jacques de Compostelle nous sommes
heureux d'
avoir "fait" le chemin mais nous sentons aussi tout ce que le chemin a fait en
nous et pour nous !
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