Sur notre
premier chemin . Nous avions eu une dure journée : l'étape avait été
longue , il faisait chaud et voilà que le camping où nous comptions nous arrêter
pour la nuit était abandonné, complètement dévasté... nous étions obligés
d'aller 8 Km plus loin jusqu'à la ville. Nous optons pour une bouée de sauvetage
: aller demander l'hospitalité dans un couvent de religieuses dont nous
connaissions l'existence...
Le couvent des
religieuses ... à L….
Sur le pas de la porte,
un jeune est assis. En quête d’un logement pour la nuit, nous sonnons.
Après un bon bout de
temps, la porte s’entrouvre, une main tend un paquet au jeune homme, sans
chaleur et sans un regard… En même temps on nous demande, un peu
agressivement : « Et vous aussi, c’est pour un casse-croûte ? » La routine…
Combien y en aura-t-il encore aujourd’hui ? C’est la machine à faire le bien…
Nous nous présentons
comme pèlerins et sollicitons une petite place sous leur toit pour la nuit.
« Ah, non, ce n’est pas possible. Nous fermons ! »…
Je ne crois pas que la
Sœur C. a entendu que nous faisions la grande marche de notre vie… Pas une
question, pas un regard chaleureux. Les rouages ne fonctionnent plus et
visiblement la femme qui les commande est éteinte, elle a manifestement perdu
l’habitude d’écouter, de rencontrer les autres dans ce qu’ils ont d’essentiel
: "allez voir au grand séminaire"
La porte se referme et
sur le pas de cette porte froide, nous nous regardons… Courage, nous deux, il
faut continuer à chercher. Les grandes villes sont dures pour les pèlerins
Nous nous dirigeons vers
le Séminaire (immense bâtisse carrée, qui héberge des jeunes
travailleurs). Dans cette caserne nous cherchons à voir quelqu’un. Ah !
« Direction » ! Nous frappons et entrons.
Nous expliquons notre
situation. « Ah, non, nous ne logeons que de jeunes travailleurs
mâles. Les règlements administratifs ne prévoient rien d’autre (sic). »
. Nous ne sommes ni jeunes, ni travailleurs et seul mon mari est mâle !
Nous sommes littéralement
dégoulinants de sueur et…je n’en peux plus. Je ne me sens pas le courage de
garder mon sac une minute de plus et de repartir dans la rue. Je manifeste
qu’avant de partir je voudrais souffler un peu. Aucune proposition, pas un
verre d’eau, pas une chaise. Nous avions cru rencontrer un prêtre et nous avons
été confronté à l’administration !
Nous sortons du bureau.
Je laisse glisser mon sac et m’affale sur un tabouret du hall où deux jeunes
passent. Regards chaleureux, questions, échanges… Ils nous remplissent notre
gourde d’eau (elle était vide, plus une goutte !). Le « prêtre » directeur ne
savait rien de nous et manifestement ne voulait rien savoir. Comme dans la
parabole… » Et de tous ceux-là, qui est le prochain ? »
Décidément, ce n’est pas
encore aujourd’hui que l’Église institution nous convainc ! Tu as bien raison
Sœur A, quand tu dis : « Nous les religieuses, nous devons sortir de notre cocon
que sont les couvents qui soignent pour tout, y compris pour la
vieillesse. »
Merci à vous les jeunes,
spontanés, sans le carcan d’un règlement qui étouffe. Merci à vous d’être à
l’écoute et disponibles…
Nous irons à l'hôtel...
Simonne