Article paru
dans la revue
de l'Association Belge des Amis de
Saint-Jacques-de-Compostelle,
"Le Pecten ", n°
105, 2012, p. 39
Hé oui !
Tout peut se vendre et tout se vend, même le
pèlerinage…
Et c’est ce que fait la ville du Puy et son office
de tourisme. Forte de la création en son sein de la nouvelle Fédération
Européenne des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, elle l’annonce
clairement : « La marque Europe souhaite s'appuyer sur des produits
touristiques avec un impact au niveau international, et le Saint-Jacques
fait partie des axes potentiels. L'agglomération et plus généralement
tout le département de Haute-Loire devraient donc bénéficier dans un
avenir proche d'une mise en tourisme et d'un éclairage médiatique fort
et générateur d'emplois. »[i].
Et pour ce faire, elle met sur le marché des
pèlerinages d’un jour avec retour le soir en navette ou en taxi que l’on
peut réserver à l’avance : « Incontournable lorsqu'on est en
Haute-Loire ! Comme depuis des millénaires, vous partez sur le premier
itinéraire européen classé UNESCO.
Marches de 8.5, 17 et 24 km adaptées à tous les niveaux, y compris aux
familles et aux séniors. »[ii].
Et comme « avoir été sur le chemin de Saint
Jacques » devient un must, elle n’hésite pas à caresser dans le sens du
poil : « Vous pourrez dire, j'ai fait les premières étapes du chemin
historique vers Saint-Jacques-de-Compostelle... »[iii].
Si je puis trouver bon que les
populations qui se trouvent le long des chemins allant vers Compostelle,
puissent en tirer quelques profits du fait des services qu'ils rendent
aux pèlerins (hébergements, alimentation, restauration et autres
services) et si je suis reconnaissant aux autorités villageoises qui
cherchent à améliorer l'infrastructure ou les hébergements pour rendre
service aux pèlerins ou pour leur faciliter le pèlerinage, (même si elle
pensent aussi ce faisant à leurs villageois), je trouve indécent
d'utiliser et de détourner le pèlerinage pour en faire un objet
commercial et touristique et ce sans aucun esprit de service aux
pèlerins.
Les marchands du temple sont de
toutes les époques
par Pierre Swalus