L'ÉVOLUTION DU PÈLERINAGE
Á COMPOSTELLE |
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L’ÉVOLUTION DU PÈLERINAGE À
COMPOSTELLE ET DE LA POPULATION PÈLERINE
par Pierre SWALUS LA CROISSANCE DU
NOMBRE DE PÈLERINS ET DE PÈLERINES.
De 1990 à 2019 la population pèlerine recensée à
Compostelle est passée de 4.196 à 347.578.
Le nombre de pays d’où proviennent ces pèlerins et
pèlerines passent d’une centaine en 2005 à près de
200 en 2019.
La part prise par les pays de l’Europe de l’ouest a
diminué au cours de ces années : ainsi les Espagnols
qui représentaient 56,71 % de la population pèlerine
en 2005 sont passés à 44,03 % en 2019(1).
Cette
croissance de la population pèlerine va bien sûr
s’accompagner d’une amélioration des conditions
matérielles, de l’encadrement et des aides diverses
au pèlerinage. L’ÉVOLUTION DES
AIDES A LA PRÉPARATION DU PÈLERINAGE
Les guides
Jusqu’en 1992, un seul guide en langue française
existait pour le camino Francés : celui de l'abbé
Georges BERNÉS, publié la première fois en 1973(2).
Ce guide était très sommaire. Pour les autres
chemins en Espagne, aucun guide n’existait.Pour la
France le GR 65 (au départ du Puy-en-Velay) est le
premier a être balisé en 1971 et un topo guide « Le
Puy- Conques » voit le jour en 1972. Les autres
chemins en France doivent attendre les années 90
pour que des guides apparaissent timidement.
Actuellement en 2022, on ne compte plus le nombre de
guides existants pour tous les chemins tant en
France que dans la péninsule ibériques ou dans les
autres pays européens. La qualité
de ces guides papiers s’est aussi grandement
améliorée : la description de l’itinéraire est
accompagnée de cartes IGN, de listes d’hébergements
et de services, ainsi que de divers renseignements
touristiques et historiques.
Les « Miam Miam Dodo »(3) mis à jour annuellement et
qui rassemblent tous les renseignements dont le
marcheur a besoin, devient la bible des pèlerin.e.s.
Les nouvelles technologies
La technologie vient en complément : les traces GPX
existent pour tous les chemins et des applications
extrêmement complètes telles « Buen camino » sont
téléchargeables sur les Smartphones. Avec « Buen
camino »(4), il n’est plus nécessaire de
« s’encombrer » d’un guide papier car tout s’y
trouve, des informations générales, le profil et les
cartes, les tracés, les hébergements avec moult
détails et tous les services, les transporteurs de
bagages, l’envoi des vélos…
Les associations jacquaires
Alors que en 1979 seules trois associations
jacquaires existaient dans le monde (une en
Espagne, une en France et une en Allemagne (5),
aujourd’hui rien qu’ en France plus de 100
associations d’amis de Saint-Jacques de Compostelle
existent: associations nationales, régionales,
départementales et plus locales.
Ces associations offrent divers services aux futurs
pèlerins : site internet informatif, séance
d’information, crédenciale, livres et guides, liste
d’hébergements, rencontre avec des pèlerins
confirmés…
L’information de tous ordres Le nombre de livres
concernant le pèlerinage à Compostelle a
explosé apportant une information très diversifiée :
livres généraux sur le pèlerinage, histoire du
pèlerinage, ouvrages touristiques richement
illustrés, relation de pèlerinage…
Les émissions TV consacrées au pèlerinage se sont
également multipliées et des films de fiction
mettant en scène des pèlerin.es ont captivé un large
public.
Les services aux pèlerins sur les divers chemins Sur tous les chemins
balisés (et ils sont très nombreux), les services
d’hébergement se sont multipliés.
En Espagne, les municipalités, les paroisses, les
juntes ont créé de très nombreuses auberges à prix
très modérés ; de plus l’offre d’hébergements privés
est devenue très variée tant au point de vue du prix
que du confort.
En France et dans d’autres pays, de nombreuses
associations ont stimulé l’accueil à des prix très
modiques, chez des particuliers, en général, eux
mêmes pèlerins.
A
l’initiative d’associations ou de municipalités, des
gîtes d’étapes spécifiquement destinés aux marcheurs
vers Compostelle ont été créés.
Enfin l’offre commerciale de logement s’est très
fortement développée particulièrement sur les
chemins les plus empruntés.
Le matériel
Tout les équipements de randonnée, vêtements,
ponchos, chaussures, sac à dos, matériel de camping,
se sont considérablement améliorés tant en qualité
qu’en légèreté.
En conclusion
Au fil du temps les aides diverses offertes aux
pèlerins et pèlerines se sont multipliées et les
conditions matérielles dans lesquelles s’effectue le
pèlerinage se sont fortement améliorées. Partir en
pèlerinage vers Compostelle est devenu de plus en
plus facile. Ce qui n’a pas changé, c’est
l’investissement personnel nécessaire pour se mettre
en route et pour tenir sur la durée…
L’ÉVOLUTION DE LA FORME DU PÈLERINAGE Les statistiques
publiées par l’Office des pèlerins à Compostelle
permettent de mettre en évidence certaines
évolutions.(1)
Les pèlerinages courts
De 2004 à 2019, parallèlement à la croissance du
nombre de pèlerins et pèlerines, on assiste
également à une augmentation du nombre de pèlerins
et pèlerines qui ne parcourent qu’une distance égale
ou inférieure à 150 km. Cette dernière croissance
n’est pas simplement proportionnelle mais augmente
de manière plus importante, passant de 31 % à près
de 52 % du total des personnes recencées à
Compostelle.
Ce qui
signifie qu’actuellement plus de la moitié des
pèlerin.es recensé.es marchent uniquement le
minimum requis pour obtenir la Compostela.
INon
seulement les localités proches de Compostelle sont
de plus en plus choisies comme point de départ, mais
parmi celles-ci les choix se portent de plus en plus
sur les lieux les plus proches de Compostelle.(6)
Pierre BAILLET illustre le phénomène pour le camino
Francés, dans le graphique ci joint. Il constate que « le
nombre de départs sur le camino à partir de Sarria
(pour accomplir les 100 derniers km) est supérieur
au nombre de pèlerins arrivant de l’est de Sarria
(près de 100 000 à Sarria (96 124) et 93 813 à
l’est) » (7). Ce phénomène n'est pas prêt de s'arrêter ; de janvier à aout 2022,
58% des pèlerin.es ayant emprunté le camino Francés
ont débuté leur chemin à Sarria.(1)
Les pèlerinages longs
En étudiant pour quelques pays (Allemagne, Pays-Bas,
Belgique, Autriche et Suisse) la proportion de ceux
qui partent de chez eux au cours des années 2005 à
2018, on constate que par rapport au nombre de
pèlerin.es de leur pays respectifs, le pourcentage
de ceux et celles qui partent de leur pays et
parcourent de ce fait plus de 1.800 km, diminue
fortement.
Ainsi le pourcentage des Hollandais partant de chez
eux passe de 42% à 8 %, les Suisses de 26% à
13%, les Belges de 21% à 12 % et les Allemands
de 7% à 2%. Seuls les pourcentages des Autrichiens
fluctuent très peu, ils oscillent entre 6,9 et 3,9
%. Les
pèlerinages « randonnée conviviale »
Parmi les chemins qui traversent la France, celui du
Puy-en-Velay est sans conteste celui qui récolte le
plus de succès. Ce succès est dû essentiellement au
battage publicitaire qui le promeut, à la beauté des
paysages et à la convivialité vécue lors des repas
partagés dans les gîtes. Du fait de son succès, cet
itinéraire offre de nombreux hébergements et
services.
Si environ 25.000 personnes prennent leur départ du
Puy, bien peu de celles-ci vont à Compostelle. En
2019, le nombre total de Français recensés à
Compostelle était de 9.248. Les statistiques de
Compostelle nous apprennent aussi que pour la même
année, seulement 3.180 ont pris leur départ au
Puy-en-Velay(8).
La randonnée la plus fréquentée est « Le
Puy-Conques ». Le COMPOSTEL’BUS fait journellement
le trajet aller-retour pour rapatrier les marcheurs
et marcheuses(9).
La marche allégée et les réservations
longtemps à l’avance
Sur les principaux chemins, le transport des sacs à
dos et des valises fait florès et s’accompagne
nécessairement d’une réservation du logement auprès
d’un hébergeur privé [les auberges publiques
refusant les pèlerins avec valises ou faisant
transporter leur bagage (sauf raison de santé)]. Ces
réservations se font de plus en plus tôt : des
semaines et parfois des mois à l’avance. A certaines
périodes de l’année il devient difficile de trouver
à se loger si l’on n’a pas réservé ! Certains
hébergeurs privés(10)., plaçant le service aux
pèlerins et pèlerines au dessus de l’aspect
commercial refusent cependant cette pratique et en
regrettent l’extension.
Le turigrino
Le tourisme pèlerin est en voie de développement et
ce à la grande satisfaction de certains acteurs du
chemin : le turigrino rapporte plus que le peregrino
et offre de nouvelles perspectives économiques. Les
agences de voyage offrant un « pèlerinage »
accompagné se multiplient Une agence de Galice s’est
même approprié le nom de « turigrino » et offre 8
jours de « pèlerinage » clefs sur porte : visites
organisées, transport de bagages, réservation des
logements et repas, voiture balai tout au long de la
journée pour répondre aux besoins : eau, fruits,
médicaments et soutien de tous ordres (11).
Il est évident que chacun a le droit de choisir sa
façon de voyager et de visiter mais cette forme de
tourisme contribue pour une part de plus en plus
large à l’encombrement de certains chemins vers
Compostelle rendant le silence, la solitude, le
retour sur soi recherchés par de nombreux pèlerins
et par de nombreuses pérégrines, de plus en plus
difficile à trouver. QUE PENSER DE
L’ENSEMBLE DE CES ÉVOLUTIONS ?
Le moins que l’on puisse dire est que l’amélioration
des aides nombreuses offertes aux pèlerins et
pèlerines, aides qui devraient normalement rendre le
pèlerinage plus facile à entreprendre et plus
réfléchi, ne s’accompagne pas de manière visible
d’une évolution positive de celui-ci.
Ces aides ont probablement contribué à
l’augmentation importante du nombre de personnes
marchant sur des chemins de Saint-Jacques.
Cette augmentation est-elle en soi une chose
heureuse dont il faut se réjouir ?
Qui sont ces très nombreux « pèlerins » ? Qu’est ce
qui les met en route ? Que savent-ils du
pèlerinage ?
On lit parfois
sur Facebook sur des pages
consacrées au pèlerinage des posts du genre « Je
voudrais partir le mois prochain ; quel chemin me
proposez-vous ? » demande à laquelle il sera en
général répondu « Partez du Puy-en-Velay »…
Quelle est la motivation première de ces plus de 50%
de personnes marchant le minimum requis pour
obtenir la Compostela ? Difficile de
répondre à ces interrogations, difficile de conclure …
Notre conclusion ne sera pas : « et Dieu reconnaitra
les siens »
(1) OFICINA DE
ACOGIDA AL PEREGRINO, Statistiques ,
en ligne sur le site de l’OFICINA : https://oficinadelperegrino.com/en/statistics/
(2) BERNÈS Georges, Le chemin de St Jacques en
Espagne (Guide du pèlerin). Comité Gascon
d'études Compostellanes, Auch, 1973
(3) Guides Miam Miam Dodo, Les Éditions du
VIEUX CRAYON en ligne sur le site :
Guides Miam Miam Dodo (levieuxcrayon.com)
(4) Chemin-de-Saint-Jacques (Buen Camino) :
Chemin-de-Saint-Jacques
(Buen – Applications sur Google Play et
Apps par Buen camino sur l’App Store (apple.com)
(5) SWALUS Pierre, Les premières associations
jacquaires du XXème siècle, en ligne sur le
site « Vers Compostelle » de l’auteur :
Les premieres associations jacquaires du XXe siecle
(verscompostelle.be)
(6) SWALUS Pierre, Étude du pourcentage des
pèlerin.es arrivé.es à Compostelle en ayant
parcouru moins de 150 km au cours des années 2004 à
2019, en ligne sur le site « Vers
Compostelle » de l’auteur : https://verscompostelle.be/2004-2019-moins-de-150km.htm
(7) BAILLET Pierre, sur sa page Facebook :
(20+) Pierre Baillet | Facebook
consulté le 27/09/2022
(8) SWALUS Pierre, 30.000 pèlerins au
puy-en-Velay… et ensuite, en ligne sur le
site « Vers Compostelle » de l’auteur :
30000 pèlerins au départ du Puy-en-Velay... et
ensuite (verscompostelle.be)
(9) COMPOSTEL’BUS ,
Horaires du Bus Aller et Retour Conques - Le Puy
(bus-chemin-compostelle.com)
(10) BLANCHARD Jef et Lili, dans un post sur leur
page Facebook « Écogîte La maison du Grillon &
Ousteau Grigt Café »
https://www.facebook.com/groups/139870766063021/user/100058434918272/
:
(11) TURIGRINO : Site de J.Carlos ALVAREZ : https://www.turigrino.com/nosotros/ mis en ligne : le 29/09/2022
pierre.swalus@verscompostelle.be