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c'est le
souper qui s'étire, cuit en cascade sur l'unique petit feu butane. A la
française nous mangeons successivement la soupe, les légumes, la purée, la
viande, bien calmement et au rythme de la cuisson;
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mais c'est
aussi le petit déjeuner rapide, pliés en quatre, dans le brouillard, le
froid et l'humidité du matin;
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c'est se
glisser douillettement dans un bon sac de couchage et sentir
progressivement la chaleur humaine chauffer le petit volume de la tente;
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mais c'est
aussi enfiler le matin les chaussettes qui se sont humidifiées dans les
coins de tente;
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c'est tout
autour de soi, l'espace, la nature toute proche, la rivière qui coule;
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mais c'est
aussi se faufiler pour rentrer et sortir de la tente;
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ce sont les
oiseaux qui chantent et qui volent si près de la toile qu'on entend leurs
battements d'ailes;
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mais c'est
aussi la sono du samedi soir du village tout proche et qui s'en donne
jusqu'aux petites heures du matin;
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c'est l'herbe
moelleuse qui nous accueille;
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mais c'est
aussi le caillou qui pointe à travers notre petit mousse;
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c'est essuyer
la toile au matin petit bout par petit bout pour ne pas emporter trop
d'eau dans le sac à dos;
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c'est l'herbe
fauchée qui colle aux chaussures dans la rosée du matin;
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ce sont les
doigts morts et la peau en chair de poule parce qu'il fait froid;
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ce sont les
fourmis si petites qu'elles parviennent à se faufiler à travers les
mailles de la moustiquaire;