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A
PROPOS DES NOMBRES , VRAIS ET FAUX, DE PÈLERIN.E.S ARRIVANT À
COMPOSTELLE.
par Pierre Swalus
Commençons par les vrais :
ce sont ceux donnés par le Bureau des pèlerins à Compostelle qui publie
régulièrement sur son site(1) le nombre et la répartition des « compostelas »
distribuées.
Ainsi pour l’année 2018 ,
327.378 « compostelas » ont été attribuées , ce qui signifie que les pèlerin.e.s
qui les ont reçus ont parcouru au moins les 100 derniers Km à pied ou les 200
derniers à vélo(2). Ce nombre de « compostela » est en constante augmentation :
de 619 en 1985(3), il est passé à 4.918 en 1990, puis à 30.126 en 1998, 125.141
en 2008 pour atteindre les 327.378 en 2018(1).
Même si on peut s’étonner de
certains critères d’attribution(4) ces nombres de Compostelles distribuées sont
incontestables et représentent bien le nombre de pèlerin.e.s arrivé.e.s à
Compostelle.
Ce nombre de pèlerins
arrivant à Compostelle est impressionnant et nécessite bien sûr une
infrastructure adaptée ; ainsi par exemple à Sarria, ville située à une peu plus
de 100 km de Compostelle, et où donc passe un peu plus de la moitié des
pèlerins(5), existaient en 2018 pas moins de 20 auberges pour pèlerin.es pouvant
accueillir un total 720 pèlerin.e.s(6).
Si ce nombre de pèlerin.e.s
de 2018 est impressionnant , que dire alors du nombre de pèlerins arrivant à
Compostelle au Moyen-âge. On lit fréquemment qu’on dénombrait à Compostelle « …jusqu’à
500.000 pèlerins par an …» ou encore « …un demi million chaque année..
Un site renchérit encore en
écrivant « que le pic du pèlerinage se fit au Moyen-âge, avec près d’un
million de pénitents marchant par année sur le chemin »(7).
Mais ces chiffres, justement
incroyables, sont faux et ne proviennent d’aucune source fiable. La recherche
historique ne permet pas de soutenir ces affirmations ; loin de là d’ailleurs,
elle tend à montrer que le nombre des personnes arrivant à Compostelle au
Moyen-âge n’était pas très important(8).
La simple réflexion devrait
déjà nous forcer à admettre que ce nombre de pèlerins est matériellement
impossible.
500.000 personnes arrivant
sur une année à Compostelle représentent (si on admet que les mois d’hiver
étaient grandement évités) une arrivée journalière moyenne sur 9 mois de près de
1.818 pèlerins, avec nécessairement des fluctuations importantes suivant les
saisons et avec des pics (mettons de 3.000) au cours des mois d’été (en 2018 le
nombre de pèlerins en août était 5 fois plus important qu’en mars). Comme à
l’époque les pèlerins arrivaient à Compostelle et en repartait en général par le
même chemin, la cohorte montante de 1.000 à 3.000 personnes croisait la cohorte
descendante. .Compostelle mais aussi chaque étape importante du chemin devaient
accueillir, héberger, nourrir journellement une foule de 2.000 à 6.000
personnes !
Au Moyen-âge, les villes et
villages d’Espagne étaient loin d’avoir le développement actuel.
Ainsi à la fin du XVIe siècle, aucune ville du nord de l'Espagne n'atteignait
une population de 5.000 personnes(9). Comment
auraient-elles pu réaliser cet accueil que même aujourd’hui Sarria avec ses 20
auberges et ses 720 lits ne pourrait réussir ? Que dire alors des possibilités
de Roncevaux (aujourd’hui ± 200 lits) ou Rabanal (aujourd’hui ± 208 lits)…
Si ces chiffres sont faux et
ne sont pas confirmés par les sources historiques, d’où proviennent-ils ?
C‘est Daniel ROPS qui, dans
la préface de son livre (1), écrivit : « Tout au long des
grands siècles du Moyen-âge… /… les chiffres que l’on connait sont à peine
croyables : un demi million de personnes, chaque année, sur les routes de
Compostelle ».
Et depuis lors, malgré les
travaux des historiens, ces chiffres ont été recopiés et recopiés de proche en
proche et, à la manière des rumeurs ou des fake news, continuent encore
aujourd’hui à courir et à fausser l’histoire réelle du pèlerinage à
Compostelle.
Certains argueront que
l’histoire du pèlerinage n’est pas chose importante, que la légende aide les
gens à rêver, que ce qui est important est ce que vivent les pèlerin.e.s sur le
chemin.
Mais connaître
l’histoire n’empêche pas de vivre intensément son propre cheminement.
(1)
https://oficinadelperegrino.com/en/statistics/ (2)http://oficinadelperegrino.com/wp-content/uploads/2016/02/peregrinaciones2018.pdf
(3) Julie ROUX-PERINO, Compostelle : histoire
et chemins du pèlerinage à Saint-Jacques, Tournai, MSM, juin 2007, 160 p. (ISBN 978-2-9115-1596-5), p. 6-7.
Cit In : WIKIPÉDIA, Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle,
https://fr.wikipedia.org/ (4) Par exemple la
Compostela est attribuée aux Galiciens qui parcourent au moins les cents
derniers kilomètres en fragmentant leur pèlerinage sur une série de WE… (5) Pierre SWALUS, D’où sont partis les pèlerins arrivés à Compostelle en 2017, en ligne sur
https://verscompostelle.be/pele2017.htm (6) Pierre SWALUS, Auberges pour pèlerin.e.s sur le Camino Francés, en ligne sur
https://verscompostelle.be/cohebege.htm (7) Par respect pour
les auteurs des sites, articles, livres dans lesquels on trouve ces chiffres,
leurs noms ne seront pas cités ici. (8) Louis MOLLARET , Le
triomphe de Compostelle, document PDF en ligne sur http://www.saint-jacques-compostelle.info/file/123530/
, (9) Ramón Lanza GARCÍA, L’urbanisation du nord de l’Espagne à la fin de
l’Ancien Régime, 1752-1857 In Guy SAUPIN (dir.), Villes atlantiques dans l’europe
occidentale du moyen âge au xxesiècle, PUF, 2006, pp. 101-120 en ligne :
https://books.openedition.org/pur/20493?lang=fr (10) Daniel ROPS, Sur le chemin de Compostelle. Le
pèlerin à la coquille, Plon, 1952 Mis
en ligne le : 25/08/2019
pierre.swalus@verscompostelle.be
wiki/P%C3%A8lerinage_de_Saint-Jacques-de-Compostelle,
consulté le 23/08/2019