Balise euroéenne des chemins de CompostelleÀ PROPOS DE DÉFINITIONS... DE PÈLERIN, PÈLERINE, PÉRÉGRIN, PÈLERINER, PÉRÉGRINER, PÈLERINAGE & DE PÈLERIN(E) NON CROYANT(E)

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À PROPOS DE DÉFINITIONS (1) ….   DE PÈLERIN,  PÈLERINE,  PÉRÉGRIN , PÈLERINER, PÉRÉGRINER, PÈLERINAGE
&…    DE PÈLERIN(E) NON CROYANT(E)

par Pierre SWALUS

Cet ensemble de mots forment une famille et sont reliés entre eux par une origine commune.

A l’origine, pèlerin (et aussi pèlerine qui existe au moins depuis le début du 13ème siècle) et pérégrin ont le sens d’étranger, d’expatrié ou d’exilé  ou de celui qui est d’un  autre pays, qui est un voyageur.

Puis, si pérégrin a gardé plutôt son sens originel d’étranger ou de voyageur, pèlerin.e tout en gardant le même sens, a par contre vu sa signification principale se préciser: voyageur ou voyageuse qui fait un pèlerinage , celui-ci étant la démarche d’un.e croyant.e qui par piété fait un voyage vers un lieu de dévotion, un lieu saint.

Pèlerin garde son sens de voyageur notamment dans plusieurs proverbes(2) tel que par exemple : « La pluie du matin n’arrête pas le pèlerin »

Le pèlerinage, dont nous avons vu la définition plus haut, peut par extension, être  aussi un voyage vers un lieu que l’on juge important (pour des raisons sentimentales, artistiques, philosophiques  ou historiques) ou afin de rendre hommage à quelqu’un ou encore afin de raviver des souvenirs.

Les verbes pérégriner et pèleriner se sont alignés sur les subtantifs pérégrin et pèlerin : pérégriner signifiant faire un long voyage tandis que pèleriner signifiait en plus aller en pèlerinage.

Pour être plus comple, il faut ajouter que le mot pèlerin  a encore d’autres sens.

En plus d’être un oiseau et aussi une sorte de requin, il désigne  de manière familière une personne qui a de la finesse , de l'adresse et de manière péjorative une personne fourbe ou peu recommandable.

Et l’expression « prendre son bâton de pèlerin » signifie entreprendre une tâche difficile ou partir en croisade pour défendre une cause.

Et quid du « pèlerin » (notamment de Compostelle) qui est incroyant et qui ne s’engage donc pas par piété dans sa démarche ?

Laquelle de ces différentes définitions lui permet-elle d’être considéré comme un véritable pèlerin ?

Bien sûr, on pourrait arguer que, puisqu’il s’engage dans un long voyage, il répond à un des usages du terme « pèlerin ». Mais ceci semble peu satisfaisant. « Voyageur » n’est pas le sens premier de pèlerin et relève actuellement plutôt d’un sens imagé.

Dire qu’il voyage vers un lieu qu’il juge important ou vers un lieu de mémoire ou encore qu’il voyage pour rendre hommage à quelqu’un n’est pas non plus exact, car ce n’est pas Compostelle qui est important pour lui mais bien le chemin « vers ». Ceci est d’ailleurs vrai aussi pour pas mal de pèlerin.es croyant.es, qui marchant sur des chemins dit de Compostelle, ne vont jamais jusqu’au terme de ces chemins : Saint-Jacques de Compostelle mais se limitent à parcourir certains tronçons de ces chemins. Et même pour pas mal de ceux qui cheminent jusqu’à Compostelle, « l’approche du but est d’ailleurs vécue de façon assez ambivalente : souvent avec un certain regret de voir approcher la fin d’une belle aventure faite de rencontres et de moments de partage intense.        
L’arrivée même à Compostelle est aussi source de sentiments mélangés : à la joie d’avoir réalisé son rêve, d’avoir pu vaincre les difficultés et les doutes éventuels, d’arriver enfin à ce lieu mythique, se mêle souvent très rapidement une certaine désillusion : désillusion de découvrir la ville grouillante de touristes, le brouhaha d’une foule et d’une ville perpétuellement en fête, le sentiment aussi que la belle aventure vécue avec d’autres pèlerins est finie.
 »(3)

Comme le dit si bien Pierre Genin : Compostelle n’est pour le pèlerin « qu’un prétexte pour se mettre en route  » et « le pèlerinage se vit essentiellement sur le Chemin et non à l’arrivée »(4)

Manifestement les définitions académiques des termes « pèlerin.e » et « pèlerinage », si elles restent valides pour certains lieux de pèlerinage comme celui de Lourdes par exemple, ne sont plus d’actualité pour le pèlerinage sur les chemins de Compostelle.

Le français étant une langue vivante, ne serait-il pas temps, à l’image de ce que Maurice GREVISSE et mon ex-collègue André  GOOSSE(†) ont fait dans « Le bon usage », de prendre en  compte l’évolution dans les faits, du concept de pèlerin ?

Une définition plus actualisée, tout au moins pour le pèlerinage de Compostelle pourrait être : « le pèlerin ou la pèlerine est celui ou celle qui par piété se rend à un lieu saint  ou qui se met en voyage sur un chemin de pèlerinage qu’il ou elle juge important pour des raisons spirituelles personnelles».

MAIS, je ne suis pas membre de l'Académie Française...

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(1) Bibliographie consultée pour les définitions :       
https://www.le-dictionnaire.com/definition/pèlerin 
https://dictionnaire.lerobert.com/definition/pelerin
https://www.universalis.fr/dictionnaire/peregrin/
https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/pelerin
https //www.cnrtl.fr/definition/pèlerin
https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/pelerinage
https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9P1256

(2) SWALUS Pierre, Des proverbes parlent du pèlerin, En ligne sur le site de l’auteur Vers Compostelle : https://verscompostelle.be/Proverbes et pelerin.htm  

(3) SWALUS Pierre, Quand on va en pèlerinage à Compostelle, qu’est-ce qui est le plus important : le chemin ou Compostelle et saint Jacques ? ,  En ligne sur le site de l’auteur Vers Compostelle : https://verscompostelle.be/quandonp.htm

(4) GENIN Pierre, Pèlerin de Saint-Jacques, lève-toi et marche, Edition Mois, 2006, p. 180

mis en ligne : le 12/03/2021