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Article paru dans la revue  de l'Association Belge des Amis de Saint-Jacques-de-Compostelle,  "Le Pecten ", n° 102, 2012, p. 29
en réaction à l'article "Quels chemins pour quel saint Jacques ? Ou du besoin de se « recentrer » sur le spirituel... » de Jean-Marie Cauchie dans "Le Pecten,", n° 101, 2012, pp. 7-8

par Pierre swalus

Dans le pecten d’octobre 2011, deux articles parlent, à partir de points de départs différents, de ce qu’est un « vrai » pèlerin.

Dans le premier article « Quels chemins pour quel saint Jacques ? Ou du besoin de se « recentrer » sur l’essentiel... » Jean-Marie Cauchie réagit contre une certaine mode qui prône à tout vent les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et sur la publicité à but  touristique et commercial qui pourrait en détériorer le sens. Cette réaction est, je le crois, justifiée et loin d’être unique. De nombreuses critiques concernent un engouement qui amènent certains à vouloir « faire » ce chemin parce que c’est  quelque chose qu’il faut avoir fait, et que l’on fera entre des vacances à la côte et une croisière en Méditerranée... 

Dans le deuxième article « « Etre accueilli » , Paul Sempels nous rappelle que la crédenciale ne donne pas de droits au pèlerins, que l’accueil ne lui est pas dû, qu’il a à être reconnaissant de ce qui lui est offert et que l’on espère de lui respect et réciprocité.

Les deux auteurs opposent d’une certaine manière le randonneur et le pèlerin et cherchent à définir ce qui les rend différents et ce qui caractérise le pèlerin.

Mais dans ces définitions on se trouve devant deux conceptions très différentes. 

Dans le premier article on peut lire « qu’il est de notre devoir, à nous jacquaires convaincus s’il en est, d’en rappeler le véritable sens, qui n’est rien s’il ne s’ancre dans la foi chrétienne ; une foi qui peut être vécue de bien des manières mais qui repose toujours sur un socle intangible où Dieu, les saints, la prière et l’offrande ont leur place ».

Dans le deuxième article, on dit « Croire en Dieu et être catholique n’est absolument pas indispensable. Sur le chemin, l’on rencontre des athées, des bouddhistes, des orthodoxes et autres courants de pensée. Même croire en saint Jacques n’est pas le plus important... » et l’article se poursuit en cherchant à mettre en lumière ce qui fait la spiritualité du pèlerin. 

Le premier auteur reproche aussi aux laïques un fait plus grave encore : celui de « singer » la démarche des chrétiens. L’auteur oublie que ce phénomène n’est pas nouveau du tout et n’a pas été à sens unique : l’église catholique n’a-t-elle pas réutilisé les fêtes « païennes » pour en faire des fêtes « chrétiennes » (pensons aux fêtes de Noël, de la circoncision, de l’épiphanie, de la chandeleur, de la saint Valentin, de l’Annonciation, de la Toussaint et aussi aux anciennes rogations) . 

Personnellement,  j’adhère nettement mieux au second article qu’au premier que je trouve trop empreint d’un cléricalisme qui considère qu’un non chrétien est incapable de quête de sens ou de spiritualité... et qui me dénie le titre de pèlerin.  

Je trouve aussi la seconde conception plus en phase avec la devise de notre association « A chacun son chemin ».