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"COMPOSTELLE"...   DE QUOI PARLE-T-ON ?

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« COMPOSTELLE » ...     DE QUOI PARLE-T-ON ?

par Pierre SWALUS
pierre.swalus@verscompostelle.be

« Compostelle » pour monsieur (ou madame) tout le monde, c’est bien sûr la ville de Santiago de Compostela, la capitale de la Galice dont la cathédrale est l’objet d’un des trois grands pèlerinages de la chrétienté, cathédrale où saint Jacques est honoré.

S’il est un de trois grands pèlerinages de la chrétienté, cela signifie qu’initialement Compostelle était un pèlerinage chrétien, un pèlerinage religieux. Ce qu’il n’est plus nécessairement aujourd’hui. Beaucoup de pèlerines et pèlerins actuels ne sont plus croyants, ils peuvent être agnostiques ou athées.

Le pèlerinage à Compostelle est devenu autant laïque que religieux, on pourrait dire qu’il est devenu pluraliste.

Le pèlerinage de Compostelle se distingue dans sa forme des autres pèlerinages tels que ceux de Rome ou de Lourdes.

A Rome ou à Lourdes, l’objet du pèlerinage est le lieu même. On s’y rend en avion, en train, en car ou en voiture et le pèlerinage est d’être dans le lieu, de prier dans la grotte ou dans la cathédrale Saint-Pierre.

Pour le pèlerinage de Compostelle, il en va tout autrement : le pèlerinage se fait en pérégrinant. Au cours des siècles passés et encore au cours du XXème siècle, on marchait ou pédalait jusqu’à Compostelle.

Actuellement il n’en va plus nécessairement de même.

En effet « le lieu Compostelle » importe de moins en moins ; actuellement de plus en plus, c’est le chemin qui compte : on ne va pas à Compostelle, on « fait » Compostelle.

Le lieu, pour certaines personnes, a souvent tellement peu d’importance que le pèlerin-randonneur n’envisage pas d’arriver à Compostelle : Marcher sur « un chemin de Compostelle » est suffisant ; que ce chemin soit en Belgique, en France ou ailleurs, peu importe.

En France, le plus grand nombre de ces personnes partiront du lieu mythique : le Puy-en-Velay et « feront Compostelle » jusqu’à Conques, pour revenir ensuite à leur lieu de départ avec le « Compostel-bus » qui fait la navette journellement pour ramener les marcheurs et marcheuses à leur lieu de départ. La plupart de ces personnes n’iront jamais à Santiago (1).

Pour quelques-uns ce « Compostelle » sera une belle randonnée, éventuellement complètement organisée par une agence de voyage. (2)

Compostelle (en tant que pèlerinage) est aussi un objet magique : on parle de « la magie du chemin » ou de « la magie du Compostelle ».

Cette expression est tellement répandue que nous y reviendrons plus en détails dans une autre chronique ; disons simplement ici, qu’elle est utilisée lors de l’avènement de tout événement heureux qui survient lors de la randonnée : la vue d’un beau paysage, un robinet d’eau alors qu’on a soif, une bière partagée avec un inconnu, un repas convivial… tout cela appartient à la « magie » du chemin : « ça c’est le Compostelle ».

Compostelle de par sa caractéristique de pèlerinage pérégriné, du fait qu’il se présente sous la forme d’une pérégrination sur un chemin n’arrivant pas nécessairement à la cathédrale de Santiago, est devenu le nom de ce type de pèlerinage : ainsi on parle actuellement du « Compostelle québécois » (3), de « chemins de Saint-Jacques en Corée » (4), du « Compostelle japonais » (5) ou encore de « Compostelle brésilien » (6).

Comme le dit très justement Éric LALIBERTÉ : « Compostelle est devenu plus qu’une destination religieuse ; c’est un concept de cheminement personnel, de la même manière que la ville grecque de Marathon est devenue un nom commun pour désigner une expérience en particulière » (7).

Enfin, et comment pouvoir l’oublier, « la Compostelle » ou « la Compostela » est le diplôme remis aux pèlerins et pèlerines qui ont parcouru aux moins les 100 derniers kilomètres, document qui explique pourquoi près de  60% des personnes qui la reçoivent , marchent le minimum requis .

 

En conclusion.

Répondre à la question initialement posée « Compostelle …de quoi parle-t-on ? » n’est pas aussi simple, ni aussi univoque qu’il n’apparait de prime abord.

En effet, Compostelle est un terme polysémique :

« COMPOSTELLE » peut signifier :

 Une ville, « Santiago de Compostela ».

 L’objet d’un pèlerinage religieux.

 Mais aussi l’objet d’un pèlerinage pluraliste.

 Le déterminatif d’un chemin : « un chemin de Compostelle ».

 Le pèlerinage lui même : « on fait Compostelle ».

 Une belle randonnée.

 Un évènement « magique » ou l’objet d’une magie.

 L’archétype des pèlerinages qui se font en marchant.

 Le diplôme qui "récompense" les pèlerins et pèlerines.

 

 

(1)   SWALUS Pierre, 30.000 pèlerins au Puy-en-Velay…  et ensuite, En ligne sur le site Vers Compostelle de l’auteur : https://verscompostelle.be/30000-pelerins.htm

(2)   Saint-Jacques de Compostelle : 39 treks , randonnées et voyages, en ligne sur le site de La Baguère : https://www.labalaguere.com/d/randonnee-et-trek/saint-jacques-de-compostelle

(3)   https://www.chemindessanctuaires.org/

(4)   https://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Des-chemins-de-Saint-Jacques-en-Coree-du-Sud-_EP_-2013-01-02-894434

(5)   https://www.lepelerin.com/chemins-pelerinages/pelerinages-du-monde/shikoku-sur-les-chemins-du-compostelle-japonais-5696

(6)   https://www.echoway.org/graphic/oupartir/fichetechniqueold/bresil.htm

(7)  HAROUNI Brigitte & Éric LALIBERTÉ (Dir.), Marcher, parler, écouter ; L’exercice pèlerin, Novalis, 2021, Cit. in Charlotte MERCILLE, sur le site Ledevoir : https://www.ledevoir.com/societe/597962/la-marche-pelerine-la-marche-pelerine-un-cheminement-vers-soi , 3 avril 2021.

mis en ligne le 11/06/2024