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BRÈVES RÉFLEXIONS SUR LE PÈLERINAGE À SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE EN OUBLIANT SCIEMMENT L’ADAGE « À CHACUN SON CHEMIN » ET EN ACCEPTANT LE RISQUE D’ÊTRE MAL REÇUS PAR CERTAINS

Pierre SWALUS
pierre.swalus@verscompostelle.be

Le pèlerinage à Compostelle, riche d'une longue histoire remontant au Moyen Âge, connait un regain d'intérêt depuis quelques décennies.

Toutefois, ce phénomène contemporain pose question notamment par le fait d’un effet de mode prisé parcertains et parce qu'il s'apparente parfois à un simulacre de démarche spirituelle

1. Une démarche prisée par les classes aisées et intellectuelles

  • Le pèlerinage de Compostelle, autrefois perçu comme un acte de foi ancré dans une religiosité profonde, attire aujourd'hui des profils variés, dont le plus grand nombre appartiennent à des milieux urbains, aisés et cultivés.

  • Parmi ceux-ci, se trouvent pas mal de personnes, pour lesquelles le chemin représente souvent un défi personnel, une quête de bien-être ou une expérience "authentique" dans un monde saturé de consumérisme. Elles voient dans cette démarche une opportunité de se reconnecter à la nature, à eux-mêmes, ou à un patrimoine culturel, souvent plus qu’à une démarche religieuse ou spirituelle.

2. Une ritualisation dénuée de spiritualité

  • Un nombre certain de pèlerins contemporains abordent le chemin comme un voyage touristique ou une aventure sportive, faisant même parfois appel à une agence de voyage, ce qui peut sembler être assez étranger à une quête spirituelle.

  • Certains "pèlerins" valorisent davantage les aspects sociaux, écologiques ou esthétiques de l'expérience que la recherche de transcendance ou d’intériorisation.

  • L'abondance de blogs et de publications sur les réseaux contribuent à banaliser et à mercantiliser la démarche.

  • Le battage publicitaire autour du chemin partant du Puy-en-Velay contribue fortement à la représentation du pèlerinage comme un « must ». C’est une chose qu’il faut avoir fait !

  • Le grand nombre de récits "inspirants" autour du pèlerinage (590 livres de récit de pèlerinage à Compostelle recensés à ce jour dont 11 publiés rien qu’en 2024) dont beaucoup mettent avant tout l’accent sur la beauté des paysages et monuments et sur les rencontres conviviales, contribue à sa banalisation.

  • Le pèlerinage, dans son essence chrétienne, implique un dépouillement et une quête de sens transcendant. Cette dimension est parfois diluée dans une expérience où le confort matériel et les préoccupations mondaines (hébergements bien notés, qualité des repas, partages en ligne) prennent le pas sur les autres aspects.

  • Les réseaux sociaux regorgent de relations journalières de « pèlerinages » mettant leurs acteurs en évidence. Ces représentations, loin d’exprimer une intériorité spirituelle, apparaissent souvent plutôt comme une mise en évidence de l’ego des auteurs en quête de valorisation. JE LE « fait » !

3. Cependant, une expérience qui peut transcender ses limites

  • Amenés sur le chemin par l’attrait de la convivialité qui y est souvent vantée et ce particulièrement lors des repas pris en commun sur le tronçon mythique « Le Puy-en-Velay / Conques », le marcheur peut voir ses propres motivations évoluer par le fait des rencontres faites.

  • Bien que critiquée, cette appropriation contemporaine n’est pas dénuée d’intérêt. Le pèlerinage peut offrir une opportunité de réflexion personnelle ou de réinvention spirituelle, même si elle diffère de la démarche religieuse initiale.

  • Ainsi certains « pèlerins » modernes, bien qu’attirés par le côté « mode », découvrent en cours de route une dimension spirituelle plus profonde, au-delà des attentes superficielles initiales.

  • L’adage très connu qui dit « que l’on part touriste et que l’on arrive pèlerin » se vérifie avec une certaine fréquence non mesurable

En conclusion, si le pèlerinage à Compostelle connaît une popularité renouvelée qui attire des publics diversifiés, s’il est légitime de s’interroger parfois-sur la profondeur de cette démarche et si elle peut parfois n’être qu’une mode ou un simulacre de quête spirituelle, elle n’en reste pas moins une occasion, pour certains, de se confronter à des questions existentielles, même dans un cadre dévoyé ou détourné de son origine religieuse et spirituelle initiale.

Mis en ligne : le 16/01/2025