Les
représentations de saint Jacques dans la
statuaire sont, aussi diversifiées
soient-elles, en général aisément
reconnaissables.
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L’APÔTRE
ÉVANGELISATEUR
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est
certes la plus ancienne représentation
de saint Jacques (6). L'apôtre est ici
un vieillard majestueux, barbu, avec à
la main le livre de la bonne nouvelle
ou un rouleau de parchemin (3) ou au
moins un phylactère (5). Sur celui-ci
peut être inscrit soit son nom, soit
le troisième article du symbole des
apôtres (5). Il est vêtu d’une longue
tunique et a les pieds nus.
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Basilique
Saint-Sernin de Toulouse
et
Cathédrale d'Arles
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LE
MARTYR
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À
partir du XIIIème (6) chaque apôtre
est représenté avec un attribut
propre, en général en rapport avec son
martyre, celui de saint Jacques est le
glaive puisqu’il est mort décapité. Le
livre tenu en main peut coexister.
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Cathédrale
de Chartres,
Cathédrale d'Amiens et
Altenberger Dom d'Odenthal
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TRANSITION APÔTRE PÈLERIN
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La
transition de l'évangélisateur au
pèlerin s'opère à partir du
XIIIe siècle (4). Au début les
attributs du pèlerin se réduisent au
bourdon tenu dans une main tandis que
le livre est tenu dans l’autre .
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Église
Santiago à Puente la Reina
(XIVe) et
Sacristie de de la Cathédrale de Bayonne
(fin XIIIe)
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Jusqu’au
début du XVIème siècle les
représentations sont plutôt
hybrides : des caractéristiques
de l’apôtre coexistent avec certains
attributs du pèlerin (6)
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Musée
des Augustins à
Toulouse Église
Saint-Pierre à Bordeaux et
Musée de la Cathédrale à Bayonne
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LE
PÈLERIN
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A
partir du XVIème siècle et plus tard,
la dévotion populaire représente de
plus en plus saint Jacques en habits
de pèlerin de ce temps (6) avec toutes
ses caractéristiques
vestimentaires
: la pèlerine, le chapeau à bords
relevés frappé de la coquille, la
besace, le bourdon (2). Ensuite la contre-réforme et le
baroque insistent à nouveau plus sur
les caractères de l’apôtre en
réduisant au minimum les signes du
pèlerin (6). Saint Jacques avec des attributs de
pèlerin est la forme la plus répandue
dans l’iconographie du saint.
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Metropolitan
Museum of Art de New-York (fin
XVe) et Cathédrale de
Compostelle
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LE
PÈLERIN MARTYR
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Il
n’est pas rare que les attributs du
pèlerin et le glaive du martyre de
saint Jacques coexistent
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Portail
de Notre-Dame de Paris
; Cathédrale de
Aachen et Église
Saint-Jacques à Namur
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EN
MAJESTÉ
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Nettement
moins fréquentes que les précédentes,
ces représentations ne sont cependant
pas rares. Il en existe une bonne
trentaine en France. Les attributs du saint sont
variables : de l’apôtre, de
l’apôtre et pèlerin, et de
l’apôtre martyr
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Portail
de la Gloire à Compostelle ; Portail de
la Cathédrale d'Orense et
Église Sainte-Croix à Kayzerberg
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LE
MATAMORE
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Cette
représentation de saint Jacques en
guerrier tueur des Maures remonte à
son apparition supposée dans la
bataille de Clavijo en 844. Saint
Jacques devient le champion de la
Reconquête contre l'ennemi musulman
(6).
Il
est représenté le plus souvent monté
sur un cheval blanc, tenant l’épée à
la main et foulant au pied les corps
des maures.
Cette
image du Matamore est rare en Europe
hors d'Espagne. Il en existe une dans
la collégiale de Chimay et une dans
l'église Saint-Jacques d'Anvers. Elle
est par contre fréquente en Amérique
latine.
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Cathédrale
de Compostelle; Chapelle Santiago
à Leon et Musée de la Cathédrale
de Burgos
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AVEC
DES FIDÈLES A SES PIEDS
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Saint
Jacques est entourés de fidèles (6)
qui se trouvent à ses pieds. Ils
sont en général en habits de pèlerin
et de taille minuscule. Le saint peut les protéger, ou être
honoré par eux ; il peut aussi les
bénir ou les couronner (4, 6, 9)
.
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Église
Saint-Jacques de Bruges (XVe) ;
Lubentiusstift Dietkirchen et
Cathédrale N.D. à Villingen ((XIVe)
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DONNANT L'ACCOLADE
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Exemplaire
unique d'une statue saint
Jacques ayant les deux bras articulés
et tenant une épée dans la main droite
pour donner l'accolade et armer le roi
chevalier. Les rois de Castille et
Léon, Fernand III, Alphonse X,
Alphonse XI et Henri II auraient été
armés chevaliers par cette statue (7)
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Monastère
de Las Huelgas Reales à Burgos (XIIIe)
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EN
PÈLERIN À CHEVAL
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La
représentation de saint Jacques à
cheval en Pèlerin et non en matamore
est rare. En dehors de celle
d'Astorga, il y en aurait une autre
à Vitoria (8) et une toute récente
(2023) à Compostelle
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Musée des
chemins à Astorga (XVIII): Babylone
Garden à Compostelle
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À
GENOUX
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Également
assez rare est la représentation de
Saint Jacques priant à genoux.
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Cathédrale de
Leon
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EN
ÉVÊQUE
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La
représentation de saint Jacques en
habits d’évêque est rare. Elle fait
référence à la fonction de premier
archevêque attribuée au saint patron
de l’Espagne.
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Église
Saint-Mélaine à Les Touches (XVIIIe)
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SANS
AUCUN ATTRIBUT
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Excessivement
rare
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Église
de la Nativité de Vallica (1866)
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Rares
sont donc les statues de saint Jacques
qui ne sont pas facilement
identifiables et qui pourraient
prêter à confusion. Il faut
malgré tout se souvenir que saint
Jacques n’est pas le seul saint à être
représenté avec les attributs du
pèlerin. Le plus connu et très souvent
représenté est saint Roch, qui
contrairement à ce que l’on croit
souvent, n’est pas allé à Compostelle
mais bien en pèlerinage à Rome. Il est
aisément reconnaissable car il est
toujours accompagné d’un chien et
qu’il montre en général la plaie à sa
cuisse. Sont en plus connus les saints
Colomban et Sébald, sainte Brigitte de
Suède en Allemagne
(6),
sainte Renelde à Saintes et saint
Guidon à Anderlecht en Belgique et
enfin, saint Josse aux Pays-Bas
(6).
Enfin,
en Espagne, saint Emilianus, plus
connu sous le nom de San Millán de la
Cogolla,(6, 8) et saint Isidore (8)
sont aussi parfois représentés en
matamore
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1.
http://fr.wikipedia.org/
2. Conrad
Philippe, La Figure de saint
Jacques :
http://www.clio.fr/bibliotheque/
3.
http://www.jacobins.mairie-toulouse.fr/
4.
http://www.saint-jacques.info/
5.
http://topa.be/admin/files/
6. Steppe
J.K., L’iconographie de saint Jacques
le Majeur (Santiago), dans Coll.,
Santiago de Compostela, 1000 ans
d’histoire contemporaine,
Europalia 85 España, Crédit Communal
1985, pp 129-153
7.
Campell
Marian,
L’iconographie
de saint Jacques le Majeur (Santiago),
dans Coll., Santiago de Compostela,
1000 ans d’histoire contemporaine,
Europalia 85 España, Crédit Communal
1985, p. 408
8. Arrondo
Eusebio Goigoechea, Le Chemin de
Saint-Jacques, Editorial
Everest, Leon, 1982, pp.21-26
9. Georges
André, Le pèlerinage à
Compostelle en Belgique et dans le
Nord de la France suivi d’une
étude sur l’Iconographie de saint
Jacques en Belgique, Académie
Royale de Belgique, Palais des
Académies, Bruxelles, 1971, p. 211.
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