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LES PÈLERINS DEVIENNENT-ILS DE PLUS EN PLUS EXIGEANTS ?

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LES PÈLERINS DEVIENNENT-ILS DE PLUS EN PLUS EXIGEANTS ?

par Pierre SWALUS
pierre.swalus@verscompostelle.be

 

L’affirmation « les pèlerins sont devenus tellement exigeants qu'on ne peut pas faire les choses à moitié », faite par un responsable jacquaire dévoué, m’écrivant à propos d’une publication informative dans laquelle j'avais laissé quelques erreurs, m’a fortement interpelé.

J’avais déjà par le passé réagi à la maxime bien connue dans le monde jacquaire « Le touriste exige, le pèlerin remercie » en défendant le touriste que nous avons tous été à l’une ou l’autre occasion sans que cela n’ait modifié notre comportement.

Mais personnellement, l’idée que les  pèlerins soient devenus de plus en plus exigeants ne m’était jamais venue à l‘esprit.

A d’extrêmement rares occasions, les demandes formulées par un candidat pèlerin ou par une candidate me semblaient trop nombreuses ou trop détaillées pour que je puisse y répondre et je conseillais à mon ou ma correspondante de s’adresser plutôt à une agence de tourisme.

De manière générale, je reçois des messages de remerciements après une publication informative ou après que j’ai répondu à une demande d’information concernant le pèlerinage. Les réactions critiques sont rares.

C’est du moins ce que je retiens subjectivement comme impression générale de mes nombreux contacts. Peut-être ne suis-je pas objectif…

Ce qui est certain c’est qu’au fil des années,  les conditions matérielles du pèlerinage se sont très fortement modifiées. Ainsi lors de notre premier pèlerinage en 1990, à Saint-Jean-Pied-de-Port, il n’y avait aucune auberge alors qu’actuellement il y en a 21. A Logroño, nous savions qu’il y avait une auberge mais nous n’avions pas d’adresse et nous avons tourné en rond plus d’une heure en ville avant de la trouver (6 lits et six matelas au sol dans le local de  réunion de la J.O.C. dans une rue mal famée) ; actuellement, il y a à Logroño 8 auberges bien aménagées…

De nombreux nouveaux services ont vu le jour : transport des sacs à dos ; pèlerinage organisé clefs sur porte avec voiture balais (ci-contre une des chambres proposées par une de ces agences) ; même l’office de tourisme de la Xunta de Galicia(1) offre ce genre de service et vient chercher en taxi le turigrino à la fin de chaque étape pour le conduire au lieu d’hébergement et le reconduire  le lendemain au lieu de départ de l’étape suivante.

La population pèlerine, du fait de l’engouement suscité par le battage médiatique, a elle aussi changée : augmentation des « tourigrinos »(2), augmentation des pèlerinages à distance minimale se rapprochant des 100 km requis pour obtenir la « compostelle » (3), diminution du nombre de pèlerinages au long cours(4), évolution de la motivation et de l’âge(5).

Mais tous ces changements ne signifient pas automatiquement que les pèlerins et pèlerines soient devenu.es plus exigeant.es.

Il est évident que les pèlerins actuels ont plus de facilités que leurs aînés qui devaient faire preuve de plus de débrouillardises. Ainsi les « Miam miam dodo » et les nombreux guides papiers ou électroniques, la documentation à foison, les nombreuses associations jacquaires  facilitent grandement le pèlerinage. Les hébergements aussi se sont modifiés, ils offrent plus de services et plus de confort.

Certains « anciens » regrettent l’apparition de toutes ces facilités en se rappelant leur démarche de pionnier. Mais on ne peut regretter l’apparition de nouvelles facilités ; on ne peut que s’en réjouir !   Même pour les « pionniers » les conditions dans lesquelles s’effectuait leur pèlerinage, étaient bien plus faciles que celles que connaissaient les pèlerins des siècles passés ! (6)

ALORS ?

LES PÈLERINS SONT ILS DEVENUS TELLEMENT EXIGEANTS ?

Je ne puis répondre à cette question.

Le simple fait du « Les pèlerins» me semble problématique. Si encore il avait été dit « Certains pèlerins », j’aurais été moins interpelé.

ALORS ?

Cela m’a fait me souvenir d’un texte que mon épouse avait lu à un repas de Noël à nos enfants et petits enfants

Le voici :

Noël 2011

Comment sont les gens ?

Il était une fois un vieil homme assis à l'entrée d'une ville du Moyen-Orient.

Un jeune homme s'approcha et lui dit :
- Je ne suis jamais venu ici ; comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?

Le vieil homme lui répondit par une question :
- Comment étaient les gens dans la ville d'où tu viens ?
- Égoïstes et méchants. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'étais bien content de partir, dit le jeune homme.

Le vieillard répondit:
- Tu trouveras les mêmes gens ici.

Un peu plus tard, un autre jeune homme s'approcha et lui posa exactement la même question.
- Je viens d'arriver dans la région ; comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?

Le vieille homme répondit de même :
- Dis-moi, mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d'où tu viens ?
- Ils étaient bons et accueillants, honnêtes; j'y avais de bons amis; j'ai eu beaucoup de mal à la quitter, répondit le jeune homme.
- Tu trouveras les mêmes ici, répondit le vieil homme.

Un marchand qui faisait boire ses chameaux non loin de là avait entendu les deux conversations. Dès que le deuxième jeune homme se fut éloigné, il s'adressa au vieillard sur un ton de reproche :
- Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question posée par deux personnes ?
- Celui qui ouvre son cœur change aussi son regard sur les autres, répondit le vieillard. Chacun porte son univers dans son cœur.

Anonyme 

 

Est-ce simplement une question de regard ?

.

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(1) XUNTA DE GALICIA,  Bono Jacobus,  En ligne sur le site de L’Office du Tourisme de la Xunta de Galicia : https://www.turismo.gal/que-facer/bono-iacobus/camino-frances?langId=en_US

SWALUS Pierre, Le turigrino : une espèce en voie de développement, sur le site Vers Compostelle » de Pierre et Simonne Swalus : https://verscompostelle.be/turigrino-en-developpement.htm 

(3) SWALUS Pierre, Étude du pourcentage des pèlerin.es arrivé.es à Compostelle  en ayant parcouru moins de 150 km au cours des années 2004 à 2019, en ligne sur le site « Vers Compostelle » de l’auteur : https://verscompostelle.be/2004-2019-moins-de-150km.htm

(4) SWALUS Pierre, L’évolution du nombre de pèlerin.es arrivé.es à Compostelle en ayant parcouru 1.800 km ou plus de 2005 à 2018, en ligne sur le site « Vers Compostelle » de l’auteur : https://verscompostelle.be/2005-2018-plus-de-1800km.htm

(5) SWALUS Pierre, L’évolution de la répartition des motivations et des âges de la popoulation pèlerine de 1989 à 2019, en ligne sur le site « Vers Compostelle » de l’auteur : https://verscompostelle.be/1989-2019-motivations-ages.htm

(6) SWALUS Pierre, Les pèlerins des siècles passés étaient bien plus hardis et débrouillards que nous ,  en ligne sur le site « Vers Compostelle » de l’auteur : https://verscompostelle.be/pelerins.htm